Mortagne-sur-Gironde
La commune
L´origine du nom Mortagne est sujet à différentes hypothèses incertaines (colonie maure pour les uns, “Morte‑Aygues” ou “mortes eaux” pour les autres).
Mortagne‑sur‑Gironde, campée sur les falaises s'organise autour de l’église Saint‑Étienne et du bourg avec ses commerces. La promenade tout en couleurs et reliefs invite à la reconnaissance historique de ce riche patrimoine.
L'église
L’église Saint‑Étienne date du XIIe siècle est une église conventuelle (liée à un couvent) et paroissiale ravagée par les Guerres de religion car Bien Royal. Nous y trouvons un autel jésuite placé dans le sanctuaire sous Louis XVIII. De nombreux prêtres ou laïcs méritants sont enterrés sous les dalles (épitaphes intérieurs).
Le temple
Le temple date de la seconde moitié XIXe siècle, pleine période de la construction des temples du Pays Royannais (élevé en 1836 au milieu de la rue principale du bourg haut).
Façade‑pignon néo‑classique de belle qualité. La porte d'entrée et les deux fenêtres en plein-cintre de cet édifice de taille moyenne seraient d'inspiration romane.
Le temple est de nos jours utilisé comme salle culturelle et d’exposition au terme d'une convention entre l'église réformée et la commune de Mortagne.
Le lavoir de Fonts-Clous
Le lavoir de Fonts‑Clous a été détruit à 90 % lors de la tempête de décembre 1999. Ce lavoir, ou plutôt sa source, doit son nom au moine qui allait devenir Saint‑Cloud qui aurait fait jaillir cette source sous le pied de son cheval.
La fontaine jaillit de la roche et alimente un ruisseau qui s'écoule alors vers le vallon.
L'ermitage Saint‑Martial
Découvert par Saint‑Martial au IIe siècle de notre ère, l'ermitage fut taillé dans la falaise sur deux niveaux puis aménagé et habité par des moines au IVe siècle. Ces grottes servirent d'étape pour les pèlerins en route vers Saint‑Jacques de Compostelle vers 1025.
Au rez-de-chaussée on trouve vraisemblablement la cuisine avec cheminée, un réfectoire et deux petites salles. Un escalier conduit à l'étage supérieur où sont taillées deux autres petites salles, sans doute des cellules. Depuis la terrasse de l'ermitage, on découvre un beau panorama sur l'estuaire de la Gironde. Sa chapelle monolithe et habitations se visitent toute l’année.
Le belvédère
Le belvédère, place Bel Air, met à votre disposition une table d’orientation et vous offre une vue panoramique sur le port et les falaises de Mortagne‑sur‑Gironde.
Le port
Il fut autrefois un port de commerce prospère et un important centre de pêche à l'esturgeon, poisson d'abord pêché pour sa chair, puis pour ses œufs : le caviar (jusqu'en 1982, année de l'interdiction de la pêche à l'esturgeon, devenu espèce menacée dans la région).
Le creusement du bassin à flot de Mortagne a commencé au XVIIIe siècle. Le port était à la fois militaire, de commerce et de pêche. À cette époque, la ville se divisait en deux quartiers principaux : la Ville‑Haute, siège des notables, et la Ville‑Basse qui devint le poumon économique de la cité avec ses activités portuaires, ses nombreuses minoteries et ses entrepôts.
Le chenal peu profond limitait le tonnage des navires. C'est en 1837 que, pour la première fois, le bateau à vapeur Bordeaux‑Royan, fait escale à Mortagne. Beaucoup de Bordelais, craignant le mal de mer et se rendant à Royan, débarquent à Mortagne et continuent leur voyage en diligence. En 1842, on met en service un grand débarcadère à extrémités mobiles très pratique. Deux pavillons aux allures de pagodes signalaient l'extrémité des travées. Ce débarcadère était à péage : 25 centimes pour les personnes, 10 centimes pour les malles.
Il reste aujourd'hui l'un des principaux ports pour la pêche au maigre et aux pibales.
Le maigre est un poisson de mer que l’on trouve de la Norvège au Golfe de Guinée. Tous ceux du Golfe de Gascogne se reproduisent à l’intérieur de l’estuaire de la Gironde, à une trentaine de kilomètres de la côte (région de Meschers, Mortagne‑sur‑Gironde). C’est donc une grande migration annuelle qui s’organise : les poissons arrivent en avril, fraient puis repartent en juillet pour la plupart. Les jeunes profitent bien de la vase et atteignent la longueur de 20 cm dès la première année ! C’est une espèce qui devient économiquement très importante pour toute la filière pêche.
L’anguille, autre poisson migrateur et qui apprécie la vase comme chacun sait, va profiter de l’estuaire à plusieurs moments de sa vie. Nées en mer des Sargasses et après 6000 km de migration, les jeunes anguilles arrivent au stade de civelles (ou pibales) qui mesurent entre 5 et 7 cm. Elles se transforment peu à peu en anguilles jaunes, qui remontent vers les eaux douces. Ce n’est que 5 à 10 ans plus tard qu’elles se transforment à nouveau profondément et deviendront des anguilles argentées, qui retourneront en mer, vers les Sargasses, pour s’y reproduire.
L’estuaire est donc en plus une zone d’adaptation entre l’eau douce et l’eau salée, pour ces poissons dits "amphihalins", exploitant les deux habitats. L’anguille est une espèce devenue fragile, très prisée, et dont la pêche est sévèrement réglementée.
Deux Frères est une gabare fluviale construite en 1892. En 1993, reconstruit entièrement à partir de la coque d'origine par le chantier Durand de Marans, ce bateau de charge devient la propriété d'un collectif d'associations. Elle est gréée en sloop à voile aurique. Deux Frères fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 21 mai 1992. Ici en photo à l’entrée du port de Mortagne-sur-gironde. Le sloop, est un voilier à un mât gréé en voile aurique à un seul foc comporte une seule voile d'avant. Une voile aurique est une voile de forme quadrangulaire non symétrique.
Les minoteries
Mortagne-sur-Gironde fut le centre névralgique du commerce de farine expédiée par Gabarre (type de bateau traditionnel destiné au transport de marchandises vers les grandes villes, gabarre fluviale ou maritime), grâce au succès de sa minoterie.
La minoterie fut créée par Victorin Parias, membre d'une famille de négociants en grains farines en 1865 ; à côté de la minoterie, il fait édifier deux logements pour ses fils et un pour lui-même ; la capacité de mouture est d'environ 285 quintaux par jour. L'usine a cessé de fonctionner dans les années 1970 et les locaux ont été transformés en un lieu de vie, logements et un atelier brocante, créé par un collectif de brocanteurs et d’antiquaires.
Musée de la carte postale
Situé dans l'ancien embarcadère, il est le fruit de la passion de l'association qui porte le même nom, "L'Embarcadère", et rassemble près de 300 trésors en noir et blanc et pour certains colorisés.
Ces images d'hier immortalisent le lavoir de Fontaury, les quincailliers posant devant leur boutique et les voyages en bateaux à vapeur. Il retrace ainsi l’histoire de Mortagne‑sur‑Gironde pour notre plus grand plaisir.
Le château
Construit sur un plateau, ce château qui surplombe l’estuaire était l’un des verrous de la Gironde au Moyen Age avec Blaye et Talmont. Il subit plusieurs sièges au moment de la Guerre de Cent ans. Sa dernière propriétaire était Jeanne Lhermite mariée à Antoine de Montbron. Au fil du temps, sa position présentant moins d'intérêt, la place-forte fut supplantée par celle de Saint‑Seurin‑d’Uzet.
Du château-fort, ne restent que les entrées de souterrain. Le logis qui se trouve à la place de la forteresse a été remanié maintes fois et les bâtiments construits au XXe siècle, dédiés à une colonie de vacances sont aujourd’hui désaffectés. Actuelle propriété de Norbert Fradin.
Le promontoire et la roselière
Juste après le musée, le chemin vous entraîne en plein cœur des marais. Tout au bout, vous arriverez au promontoire pour profiter d’une vue sur l'immensité de l'estuaire de la Gironde.
Admirez le plus grand estuaire d’Europe, classé zone Natura 2000 et intégré dans le Parc naturel marin de l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis !
L’estuaire de la Gironde, siège de nombreuses activités économiques (industrie, énergie, ports, agriculture et pêche) conserve encore de nombreuses richesses biologiques. Sa couleur marron est provoquée par le bouchon vaseux, zone naturelle de concentration de sédiments fins se déplaçant au gré des marées et du débit du fleuve.
L’intérêt écologique de l’estuaire ne se résume pas qu’à son importance pour les espèces aquatiques, bien que cet estuaire accueille 8 poissons migrateurs, comme le très rare Esturgeon d’Europe ou l’Anguille européenne. C’est l’ensemble des milieux associés qui font sa richesse : falaises, vasières, prés salés, marais, cours d’eau et roselières ! La vaste roselière que vous venez de traverser est propriété du Conservatoire du Littoral depuis le début des années 2000. A la suite de la tempête Martin en 1999, noyant toutes les terres agricoles de ce polder, le Conservatoire décide de le rendre à sa vocation naturelle.
Une mosaïque d’habitats permet ainsi à de nombreuses espèces d’y trouver le gîte et le couvert : nourricerie pour les jeunes poissons comme le Bar commun, multifonction pour de nombreux oiseaux comme le Phragmite aquatique en halte migratoire, l’un des oiseaux les plus menacés d’Europe, zone de reproduction pour la Gorgebleue à miroir blanc qui ne fréquente que le littoral atlantique français. Cette roselière est même la plus importante du département pour les oiseaux spécialistes des roselières ! Ouvrez donc l’œil, le Busard des roseaux, rapaces planant au‑dessus de ces vastes, est observable toute l’année !
Circus aeruginosus
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Avocette élégante
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Gorgebleue à miroir
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© CARA 2022
